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1e cause de mortalité des 15-29 ans

BRASILIA — Le jour où Inti Montenegro de Wit est monté dans une voiture au Mexique en ce tragique 27 mars 2014, quelques semaines avant son 32e anniversaire, il ne savait pas que cela serait son dernier voyage.

Ce jeune consultant en développement au siège de l’Organisation des Nations Unies à New York, alors en vacances en Amérique latine, était un idéaliste et un ami cher pour de nombreuses personnes, comme en témoignent les messages poignants sur les réseaux sociaux.

L’ironie du sort fut qu’un expert en développement meurt du manque de développement d’un pays.

Comme Inti, les personnes âgées de 15 à 44 ans constituent près de la moitié (48%) de l’ensemble des décès sur la route dans le monde, soit 1,25 million de morts par an, selon le rapport de situation sur la sécurité routière 2015 publié par l’Organisation mondiale de la santé en novembre. Il y a également entre 20 et 50 millions de blessés sur la planète chaque année.

Alors que la seconde conférence mondiale de haut niveau sur la sécurité routière s’est ouverte dans la capitale brésilienne les 18 et 19 novembre, des délégations représentant plus de 100 pays mettent en lumière le coût humain et économique des accidents de la route.

Les jeunes adultes âgés de 15 à 29 ans ont davantage de probabilité de mourir d’un accident de la circulation que du VIH/Sida, d’un homicide ou d’un suicide. C’est la première cause de mortalité parmi cette tranche d’âge, selon l’étude de l’OMS.

Ce grave problème de santé publique a aussi des conséquences économiques considérables. La mort de passagers, piétons, cyclistes et conducteurs coûte entre 3% et 5% du produit intérieur brut des pays à revenu faible ou intermédiaire en raison de l’augmentation de la motorisation et de la croissance démographique de ces États.

Si la consommation d’alcool, l’augmentation de la vitesse et l’absence d’un casque de bonne qualité pour les motocyclistes font partie des raisons principales des accidents de la route, le problème majeur demeure le manque d’action des gouvernements. «La principale cause des accidents de la circulation routière dans le monde est l’inaction, le fait que les gouvernements ne mettent pas en œuvre les bonnes mesures, celles dont nous connaissons les résultats positifs», a souligné Etienne Krug, Directeur au sein de l’OMS à Brasilia.

En effet, ce problème international de santé publique ne peut être résolu qu’au niveau local. Il est impératif de coordonner les actions des différents secteurs de chaque gouvernement, tels que les ministères de la santé et des transports. L’État a un rôle décisif à jouer quant à la communication des risques liés à la non-application du port de la ceinture en voiture et du casque en moto, au manque de respect de la limite de vitesse et des lois sur le taux maximal d’alcoolémie.

En outre, le gouvernement doit mettre en lumière la contribution de la sécurité routière au développement. Pour ce faire, les gouvernements nationaux doivent fournir des statistiques précises sur les accidents de la route. Il s’agit de prendre en compte toutes les victimes, à savoir les conducteurs, les passagers mais également les piétons, les cyclistes et les agents de sécurité présents.

Il est aussi essentiel que les ministères au sein d’un même gouvernement travaillent conjointement afin de vérifier les normes de sécurité des constructeurs automobiles. Il est inacceptable aujourd’hui qu’une voiture vendue dans n’importe quel pays ne possède pas tous les équipements de sécurité, tels que des ceintures appropriées pour adultes et enfants.

Si nul gouvernement ne peut mettre fin aux accidents de la route, tous peuvent améliorer leur réponse en mettant à disposition des citoyens un numéro de téléphone d’urgence et en formant du personnel afin d’assister les victimes aussi vite que possible. À titre d’exemple, les ralentisseurs à proximité des écoles sont une mesure simple, efficace et rentable.

En fin de compte, diminuer le nombre d’accidents de la circulation est une problématique bien plus vaste que celle de la santé publique. Beaucoup de vies pourraient être sauvées si les États repensaient les systèmes de transport des centres urbains. L’avenir n’est, en effet, pas à la construction et l’utilisation de plus de voitures. À l’inverse, il s’agit de créer des villes où l’on peut marcher et se déplacer à vélo plus sûrement.

Cet article a été publié dans The Huffington Post le 22 novembre 2015. Cliquez ici

Kamilia Lahrichi

Kamilia Lahrichi is a foreign correspondent and a freelance multimedia journalist. She's covered current affairs on five continents in English, French, Spanish and Arabic.

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