Fête du Vin en Amérique Latine
MENDOZA, Argentine — Le vin coule à flots et les foules bordent les rues afin de saluer le Carrousel des reines lors de la plus grande fête de la vigne d’Amérique latine, le festival des vendanges, le 4 mars dernier.
Le long de la voie blanche au centre de la ville, les reines de beauté représentant les régions viticoles d’Argentine lancent des grappes de raisin et friandises aux mains levées, du haut de leur char, pour récolter les sympathies nécessaires et être élues reine de la vendange.
L’évènement international culmine avec un spectacle grandiose au sein de l’amphithéâtre grec Frank Romero Day, qui accueille près de 20 000 personnes. Les larmes aux yeux, ce sera la reine de beauté de Lujan de Cuyo, l’une des sous-régions les plus réputées de Mendoza, qui remporta la couronne le 5 mars.
«Cette fête est très importante, car elle célèbre la fin de la récolte. Mendoza est le producteur principal de vin d’Argentine», explique Exequiel Ramirez, de la direction de la Promotion du Tourisme de la ville de l’ouest argentin. «C’est une semaine de pure fête et l’on y respire la joie», ajoute-t-il.
La fête des vendanges célèbre son 80e anniversaire. Dans les années 1930, il était coutume d’élire les femmes les plus belles et les plus travailleuses lors de la fête provinciale annuelle.
Aujourd’hui, l’évènement accueille plusieurs dizaines de milliers de touristes du monde entier. En 2011, le magazine National Geographic a nommé le festival des vendanges de Mendoza, la deuxième fête des récoltes la plus importante au monde.
La route des vins
La fête des vendanges est, en outre, l’occasion de parcourir la route des vignobles aux alentours de cette capitale internationale du vin, le long de la cordillère des Andes. Mendoza produit près de 80% de la production nationale de vin, selon les chiffres de l’Office du Tourisme de la ville. C’est une région pionnière dans le développement du vin de qualité.
L’Argentine a obtenu une reconnaissance internationale grâce au cépage Malbec. Souvent négligé en France, il joue aujourd’hui dans la cour des grands. Emblème de l’Argentine, il remplace désormais les Bordeaux français et les Syrahs espagnols à table.
Le Malbec épouse parfaitement le terroir argentin. Le climat est très sec, car la cordillère des Andes bloque l’humidité de l’Océan Pacifique. «Il y a peu de pluie à Mendoza et donc le raisin murit davantage […]. Il est plus sucré, plus concentré et a plus de corps et de tanin», souligne Liliana Lima, sommelière à Porte Alegre, au Brésil. Un verre de Malbec à la main, elle ajoute que «cela permet de produire des vins de haute qualité afin d’accompagner des viandes et plats élaborés».
Le Cabernet Sauvignon est également devenu un cépage rouge de qualité en Argentine, notamment dans des sous-régions prestigieuses, telles que Maipu, Lujan de Cuyo, San Rafael, Tupungato et la vallée de l’Uco. Le Chardonnay se distingue aussi, parmi les cépages blancs.
Dans les bodégas de Mendoza, les cars de touristes argentins et internationaux se multiplient. Dans une atmosphère conviviale, les œnologues offrent des visites des vignobles et une dégustation de vin, au pied de l’Aconcagua, point culminant de la cordillère des Andes.
«L’Argentin est un consommateur important de vin, c’est la raison pour laquelle l’on consomme 60% de la production de vin argentine», explique M. Ramirez.
Au delà de l’Aconcagua
Premier producteur de vin en Amérique latine, l’Argentine était le cinquième pays producteur de vin au monde en 2015. La production annuelle s’élevait à plus de 1 520 millions de litres commercialisés, selon les chiffres de l’Institut National de la Viticulture.
Le Canada est parmi les quatre marchés principaux du vin argentin, avec le Brésil, les États-Unis et l’Angleterre. En 2014, l’Argentine a exporté près de 23,6 millions de litres de vin au Canada, en comparaison avec 101 millions de litres aux États-Unis et 21 au Royaume-Uni, selon la base de données sur le commerce des produits de base (Comtrade) des Nations-Unies.
«La présence du vin argentin est très importante au Brésil, particulièrement celui de Mendoza, qui est un vin de qualité et a une tradition assez reconnue ainsi que des vins bien classés», explique Mme Lima.
Toutefois, l’année 2016 s’annonce difficile. «Je ne me souviens pas d’avoir vu une année avec autant de pluies», explique Gabriela Quinteros, chargée de presse, lors d’une visite le 3 mars dernier du Fonds du Vin de Mendoza, un organisme public consacré à la promotion de l’industrie du vin argentin. Elle indique que l’Argentine connaîtra une baisse de 12% de sa production de vin en comparaison avec l’année précédente.
En 2015, des inondations d’une ampleur inédite, avec des rafales de vent de plus de 70km/h venant de la province sud de la Patagonie, ont touché le pays. Les fortes tempêtes ont fait plusieurs milliers de sinistrés et certains habitants circulaient en bateau gonflable dans les rues.
Cet article, reportage de photos et vidéo ont été publiés dans The Huffington Post le 12 mars 2016. Cliquez ici